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LA CHAÎNE D’OR

Pour nourrir sa famille, un emploi que j’ignore.

Mais je reviens au fait. Si je digresse encore
Sois indulgent, lecteur, et ne murmure pas.
Mon récit n’est pas long, mais il est triste, hélas !
Jean me dit :

Jean me dit : — Le Seigneur t’a fait digne d’envie :
Un emploi magnifique, et pour toute la vie !
Des livres ! ces amis aux cœurs toujours ouverts
Qui nous font oublier que le monde est pervers.
De l’argent ! et jamais cette peur qui fend l’âme,
De voir mourir de faim ses enfants et sa femme !
Non, tu ne fus pas, toi, marqué d’un sceau fatal !…

Il s’animait ; son œil prit l’éclat du métal.

— Es-tu donc malheureux, Jean Dumanoir, lui dis-je ?

— Moi ? hah ! laissons cela : voilà que je t’afflige
Voulant t’être agréable et te féliciter…
Mais on voit tant de maux qu’on peut bien s’irriter.

— S’irriter ? allons-donc ! est-ce là le remède ?