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LA CHAÎNE D’OR


J’étais donc, l’autre jour, au bureau. J’écrivais.
Et, le front dans la main, écrivant, je rêvais
Au passé qui n’est plus, au présent qui s’envole,
À l’avenir, ce grand problème qui désole
Ceux qui n’aiment pas Dieu, ceux qui n’ont pas la foi.
Jean Dumanoir entra. Marchant tout droit à moi :

— Comment te portes-tu ? dit-il.

— Comment te portes-tu ? dit-il. Et sa main blanche
Serre la mienne alors dans une étreinte franche.

— Dieu merci, répondis-je, on se porte assez bien ;
Mais l’on vieillit toujours et l’on n’y gagne rien.

Il sourit d’un air triste en approchant un siège.

Nous nous étions connus autrefois au collège,
Et nous étions amis. Alors assez souvent,
Dans les beaux jours d’automne, à l’époque où le vent
Avec un bruit plaintif traîne les feuilles mortes,
Nous marchions, en causant choses de toutes sortes,
Sous les ormes touffus qui protègent la cour.
Mais nous aimions surtout à parler de l’amour,
Car il était sensible, et moi, j’étais poète.