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l’affaire sougraine

ment conduites à leurs sièges, sauf Léontine qui vint souhaiter la bienvenue à Rodolphe et à sa chère Ida.

Elle était devenue toute autre. Elle subissait une transformation complète. Tout le monde remarqua son expansive et joyeuse humeur. Le ministre en prit ombrage. Il n’entendait point que le premier venu, même un docteur en médecine, vint donner sur ses brisées. Il était bien décidé d’épouser Léontine, pour sa dot, d’abord, pour elle ensuite, et il l’épouserait. Il chercha l’occasion de lui parler. Il dut attendre un peu, car elle voulut danser un lancier avec Rodolphe. En attendant il aborda D’Aucheron.

— Est-ce que ce garçon recherche mademoiselle Léontine ? demanda-t-il ; il me semble la poursuivre plus que de raison. Je serais humilié d’avoir à lutter contre un pareil rival.

— Mon cher ministre, une amitié de jeunesse, vous savez ce que c’est. Autant en emporte le vent. Il n’oserait pas ; non, il n’oserait pas. Et puis Léontine est avertie, bien avertie. Elle est cachée par exemple, elle est dissimulée, la coquine. Il est malaisé de savoir ce qu’elle pense.

— S’attend-elle à me voir lui demander sa main ?