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l’affaire sougraine

selle D’Aucheron. Il l’avait connue dans une des solennelles fêtes de l’Université Laval.

Il recevait ses diplômes et la médaille d’or. On l’avait acclamé. Il resplendissait dans son triomphe, et pourtant son maintien grave avait gardé une suave modestie. On eût dit qu’il ignorait son mérite et que l’ovation n’était point pour lui.

Parmi les petites mains blanches qui battirent bien fort, ce jour là, les plus vaillantes furent celles de mademoiselle Léontine.

Tout modeste que l’on soit, on lève les yeux de temps à autre, surtout vers des galeries peuplées de jolies femmes qui vous regardent curieusement et vous admirent au moins un peu. Rodolphe avait levé les yeux et rencontré sur son passage le minois gracieux de mademoiselle d’Aucheron. Le regard de la jeune fille croisa le sien. Deux regards qui se croisent produisent souvent un effet merveilleux. C’est comme deux courants électriques. Le feu s’allume soudain au fond du cœur, comme si les regards partaient de ce coin secret de notre être.

Quelques heures plus tard la ville se promenait sur l’immense terrace Frontenac, à 200 pieds au dessus des hautes maisons noires de la rue cham-