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l’affaire sougraine

— Votre plus grande faute, dit Rodolphe, c’est de m’avoir privé pendant un gros quart-d’heure du plaisir de vous entendre. Je ne vous garderai pas rancune, pourtant, puisque demain je pourrai vous voir encore et pendant toute une soirée.

— Vous accompagnerez Ida, n’est-ce pas ?

— Avec le plus grand plaisir, si ma cousine ne s’y oppose pas.

— Je suis toujours heureuse de sortir avec toi, cousin, mais j’hésite à me risquer — même sous ton égide — dans le grand monde et dans les brillantes soirées.

— Sois sans crainte, cousine, le grand monde est bien petit, et les soirées brillantes ne sont pas plus désagréables que les autres quand on y rencontre des personnes que l’on aime.

Un pas un peu lourd, un peu lent, se fit entendre alors. Ce n’était plus le pas léger de la jeunesse.

— Voici quelqu’un, mademoiselle Léontine, vous cachez-vous, demanda Rodolphe, d’un ton plaisant.

— Méchant ! lui répondit la jolie brunette en le menaçant du doigt.