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l’affaire sougraine

Leroyer. Le second ne disait ni son âge, ni son nom, ni sa tribu. Il ressemblait aux Abénaquis, mais venait des montagnes de l’ouest. Ses compagnons le nommaient : la Langue muette. C’est lui qui se trouvait devant la vitrine de Glover, et dont madame D’Aucheron avait admiré le bon goût.

Monsieur D’Aucheron entra dans l’auberge au moment où le calme se rétablissait. Il crut qu’on se taisait par respect pour lui. Il s’annonça comme l’envoyé du gouvernement, et fut l’objet d’une vénération presque sacrée. Il se montra habile, parla beaucoup pour ne rien dire, fit espérer tout sans rien promettre, et mit le comble à sa réputation d’homme supérieur en priant les indiens de venir danser leur danse de guerre, à son bal, le lendemain, à minuit précis.

C’était une idée, mais qui ne venait pas de lui.

Sa femme, toujours poursuivie par la pensée du sauvage intelligent qui admirait les marchandises anglaises, avait trouvé cela.

Elle était ravie de son idée. Ce serait du nouveau, pensait-elle, et du rare.

Une surprise à tout renverser. Une bande de sauvages faisant irruption dans une salle éclatante, jetant leur cri de guerre et dansant leur ronde in-