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l’affaire sougraine

rougit de sa mère et ne veut pas la faire manger à sa table. Tu seras punie, un jour, et c’est moi, madame D’Aucheron, moi la riche, la belle madame D’Aucheron, qui t’apprendrai à courir les bois… Ne raisonne pas ! Insolente, tu te moques de moi ! tu répètes mes paroles, comme un perroquet, tiens ! attrape !…

Et, du revers de sa main, elle frappa d’un vigoureux coup la glace qui tomba en éclats sur le tapis soyeux.

Léontine tout effrayée appela.

Monsieur D’Aucheron qui se trouvait dans une pièce retirée n’avait rien entendu. En entendait le cri poussé par Léontine il se précipita vers le salon. Sa femme ne le reconnut point. Elle regardait sa main ensanglantée. Elle s’était blessée en frappant la glace.

— C’est vous, monsieur qui m’avez mordu, dit-elle, et elle se précipita sur lui.

Il voulut lui parler avec douceur pour la calmer. Rien n’y fit : elle s’irritait de plus en plus et vociférait des paroles incohérentes. Il tenta de l’intimider et la poussa violemment sur un fauteuil. Elle se releva comme une tigresse et, ne pouvant l’atteindre parce qu’il se mettait à l’abri derrière