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l’affaire sougraine

D’Aucheron ses amours avec l’abénaqui alors qu’elle était jeune fille, sa fuite de la maison paternelle, ses pérégrinations nombreuses. Elle parlait bas et à chaque instant on la suppliait de parler plus haut. Ce n’était pas assez de raconter ses hontes, il fallait même les raconter à haute voix. La pudeur n’avait plus le droit de jeter son voile mystérieux sur ces confidences. Souvent la pauvre femme hésitait. Elle balbutiait des aveux qu’elle était tentée de cacher. Elle n’avait que seize ans lorsqu’elle partit avec l’accusé. Elle le connaissait depuis deux ans déjà…

— J’avais eu alors, depuis un mois environ, des relations avec le prisonnier, avoua-t-elle, et j’ignore si sa femme le savait. Nous sommes partis secrètement. Nous avons passé la première nuit dans une grange, à St. Ubalde, et le lendemain, nous étions à Batiscan. Il ne m’avoua la mort de sa femme qu’au lac Mégantic. Chez M. Deveau, à Batiscan, il me dit qu’elle était aux Trois-Rivières avec ses enfants. Il avait dit la même chose à ma mère. Nous traversâmes le fleuve en canot, puis, nous nous acheminâmes, à pied, vers Richmond, où nous devions prendre le train. Il affirmait que nous allions à la recherche de sa femme… Dans la gare de Richmond j’entendis