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l’affaire sougraine

Vilbertin se retira. Il avait des sueurs aux tempes et des rougeurs sur les joues. On entendit comme un soupir de soulagement qui montait de tous les cœurs. Les choses devaient s’être passées ainsi. Il était raisonnable de le supposer.

Un témoin, M. Léon Deveau, de Batiscan, vint dire qu’il n’y avait pas de trace de feu sur la grève où s’était arrêté le prisonnier, et laissa croire que Vilbertin venait d’inventer une petite histoire pour sauver son père. Il y eut un malaise soudain. Mais le défenseur de l’accusé ne se tint pas pour battu.

— La grève est-elle large chez-vous ? demanda-t-il au témoin.

— Oui, monsieur, répondit celui-ci, joliment large.

— Et la marée s’avance loin ?

— Oui monsieur, assez loin.

— A-t-elle pu couvrir l’endroit où s’est arrêté l’accusé, et faire disparaître ainsi toute trace de feu ?…

— Certainement, reprit le témoin.

— Alors, fit l’avocat triomphant, il n’est pas étonnant que vous n’ayez vu nulle trace du feu