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l’affaire sougraine

hacher du tabac. C’était dans le canot, en traversant. Elle consentit, se mit à la besogne, puis cessa tout à coup… La querelle commença alors… Ma mère voulut faire chavirer le canot, comme je l’ai dit, et l’accusé la supplia d’avoir pitié de nous, ses enfants… mon défunt frère et moi… Elle donna un coup d’aviron à mon père… Rendus sur la grève elle le frappa avec un couteau… C’était pour se défendre… Ils se battaient. Mon père n’avait pas de couteau, pas de bâton, non plus… Si je me souviens bien… Mon père alluma un feu sur la grève pour nous réchauffer et préparer des aliments. Il demanda à ma mère de venir manger avec nous… Elle refusa. La querelle était terminée. Lorsque nous fûmes sur la grève de Batiscan, après avoir traversé le fleuve, mon père fit un petit feu et nous nous couchâmes tout au près… Mon père nous avoua, à mon frère et à moi, qu’il avait du regret d’avoir ainsi abandonné sa femme, seule, dans l’état où elle se trouvait… Il remonta alors dans le canot… et fut absent pendant quelques heures… Nous crûmes qu’il allait la chercher… Il revint seul… Il était triste… Il dit qu’il l’avait trouvée morte et que dans la crainte d’être soupçonné ou inquiété il l’avait traînée à la rivière…