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l’affaire sougraine

— Oui, c’est par ta femme que je le sais.

— À la bonne heure. Eh bien ! le jeune ministre m’a demandé mon appui. Il connaît mes ressources. J’ai tout de suite pensé à Duplessis. C’est l’homme. Cela va le flatter de se trouver en contact avec les sommités de notre monde. Il va voir comme sont joyeux, aimables et bons garçons, dans nos salons, ces hommes que l’amour du devoir et le dévouement à la chose publique rendent si hères et si redoutables dans leurs bureaux. Tu vois l’enchaînement ? Ma femme prend Duplessis, car c’est elle qui a conçu cette idée.

— Diable ! encore ! elle…

Il n’eut pas le temps, de finir sa remarque. D’Aucheron continua :

À chacun le sien. Duplessis prend le ministre et le soigne comme ses pauvres ; le ministre prend son mandat, grâce au dévouement de Duplessis, et moi j’attrape ma section de chemin, par le ministre, et toi tu partages avec ton ami la poule aux œufs d’or.

— C’est bien agencé. Mais ta femme, quelle influence exerce-t-elle sur ce vieil instituteur pour le forcer à venir à ta soirée, lui qui ne va jamais dans le monde ?