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l’affaire sougraine

mais, la seconde fois, il était très abattu. Il partit le matin au petit jour et s’enfonça dans la forêt. Il revint le soir même, vers dix heures, mangea, alla se coucher dans le grenier, puis partit encore de grand matin, disant qu’on ne le reverrait probablement pas de sitôt.

Je lui dis que, puisqu’il n’était point coupable, il ferait mieux de se livrer. Il me répondit qu’il le ferait s’il n’était pas sûr d’être puni pour avoir enlevé une jeune fille.

Puis, il ajouta, répondant à M. Lemieux, que l’accusé lui avait dit qu’il regrettait de s’être amouraché de cette jeune fille et qu’il ne savait pas où il avait eu la tête ; que Sougraine vivait en bon accord avec sa femme et était un bon sauvage ; qu’un des enfants lui avait dit alors que la défunte, pendant la traversée, avait voulu faire chavirer le canot.

Desanges Denis, épouse de Léon Deveau, fit la déposition suivante : Nous demeurons à cinq arpents environ du fleuve. Sougraine est arrivé chez nous, un matin, il y a bien vingt ans passés de cela. Il est entré seul et nous a demandé de prendre soin de ses enfants jusqu’au lundi. C’était le samedi, je crois. Il dit qu’il voulait aller à la