Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/388

Cette page a été validée par deux contributeurs.
390
l’affaire sougraine

surprise et qui réussit à s’échapper. L’accusé est arrivé à Bécancour avec ses enfants, vers le commencement de novembre de l’an 18… Il est venu chez moi le lendemain de son arrivée. Il était sous l’influence de la boisson. Je lui ai demandé où était sa femme et il m’a répondu qu’il ne le savait pas ; qu’elle était comme folle lorsqu’il l’avait laissée et qu’elle avait voulu faire chavirer le canot dans la traversée. Il a ajouté qu’elle était au désespoir et s’était peut-être jetée à l’eau.

Pierre-Antoine Thomas, autre Abénaqui vint à son tour :

— Je demeure à Bécancour dit-il. Je connais le prisonnier et j’ai connu sa femme. Sougraine est arrivé chez moi, un soir de l’automne de 18… avec ses deux enfants. Un charretier les conduisait. Je lui demandai où était sa femme et il me répondit qu’elle était désertée par désespoir. Il me demanda si je voulais prendre ses enfants en pension parce qu’il allait en chantier. Il partit et je gardai les enfants. Je le revis plus tard ; il s’informa de sa femme et de ce qu’on disait de lui. Je lui dis qu’on le soupçonnait d’avoir tué sa femme. Il nia, disant qu’il n’avait jamais pensé à cela. La première fois qu’il est venu il n’avait pas l’air inquiet,