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l’affaire sougraine

naient, des injures et des coups s’échangeaient. Une telle existence ne pouvait durer. Le mari ne pouvait goûter tranquillement les délices de ses illégitimes amours, et la vue continuelle de sa femme ne laissait plus de repos à sa conscience. Il croyait sans doute que si elle disparaissait, le trouble de son âme disparaîtrait aussi, et qu’il pourrait s’endormir dans une douce sécurité. Étrange méprise des âmes coupables !

Un soir, sur les bords du St. Laurent, au pied des caps élevés de St. Jean Deschaillons, l’on entendit des plaintes, des cris et des gémissements. L’on savait que l’Indien s’était arrêté là depuis quelques jours avec sa famille. On vit un canot s’éloigner sur le fleuve profond. L’accusé — car c’était lui — l’accusé toucha la rive nord avec ses enfants. Sa femme ne les accompagnait point. Plus tard, à quelques lieues en bas de Québec, on trouva, sur le rivage, le cadavre d’une femme noyée. Cette femme avait une corde autour du cou. Elle avait donc été trainée à l’eau. On la reconnut, c’était Clarisse Naptanne, la femme de Sougraine, l’accusé.

Les témoins vont corroborer ces paroles.

Un long murmure roula sous les vieux lambris,