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l’affaire sougraine

d’exagérations qui s’impriment presque chaque jour dans les journaux, ébranlent les convictions du peuple et faussent son jugement. Les hommes publics sont rarement aussi bons ou aussi méchants qu’on le dit. On oublie, dans l’intérêt de la cause que l’on embrasse, cette juste mesure qui est le propre de l’homme fort et du lutteur chrétien. Ceux qui gouvernent ne doivent pas faire litière de leur prestige et de leur nom. S’ils aiment la gloire et les distinctions, ils doivent tenir à leur réputation qui survit aux jours du pouvoir.

M. Le Pêcheur fut élu par une majorité de trois voix. Une petite majorité, l’on est convenu d’appeler cela une défaite morale. C’est un baume sur les blessures du vaincu, mais un baume qui n’est pas sans amertume. Il semble évident, en effet, qu’on aurait pu trouver, en cherchant mieux, les malheureuses voix qui manquent

On cria dans les rangs de l’opposition, dans les réunions intimes et dans les assemblées publiques, que la corruption la plus effrénée venait de faire son œuvre, et que l’argent du trésor avait coulé à flots ; que la liberté avait été étouffée sous les monceaux d’or ; qu’il faudrait une catastrophe pour réveiller la conscience publique… Une chose