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l’affaire sougraine

à l’ouvrier, l’économie était franchement à l’ordre du jour. Pas de bouches inutiles. Peu d’employés, mais des bons. Plus d’avances, de bonus, de gratifications d’aucune sorte. Il fallait songer au peuple qui paie, à l’ouvrier qui souffre.

Les autres, d’une voix indignée, démolissaient tout ce splendide échafaudage élevé à la gloire des ministres, décrivaient, avec des larmes dans la voix, les hontes et les lâchetés des escrocs politiques qui escaladent le pouvoir afin de dépouiller la Province et d’appeler leurs amis à la curée, montraient, avec des airs effrayés, la profondeur du gouffre que creusaient sous nos pieds les chevaliers d’industrie et les spéculateurs véreux, suppliaient le peuple d’ouvrir enfin les yeux, de secouer sa torpeur, de chasser les infâmes qui déshonoraient le pays et le poussaient à la ruine.

Le peuple écoutait toujours, avec un égal intérêt, ces diatribes échevelées et ces louanges stupides, trouvait que tout cela ne manquait point de bons sens, ni de vraisemblance ; qu’il y avait probablement du vrai, beaucoup de vrai, et finissait par subir l’influence de quelque gros bonnets.

Il est évident que l’excès de langage de nos orateurs d’élection, de même que les articles pleins