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l’affaire sougraine

XII

Les élections générales mettaient la Province en feu. Les libéraux et les conservateurs s’acharnaient les uns contre les autres, et s’obstinaient à jeter entre eux un abîme tous les jours plus profond. Les héros de l’éloquence populaire escaladaient les hustings armés de lettres compromettantes, de journaux humoristiques, de documents de toutes sortes, et faisaient entendre à la foule enthousiaste et préjugée, des paroles de salut ou de ruine, de menace ou d’encouragement, selon qu’ils étaient inspirés par les faveurs ministérielles ou par les dépits de l’opposition. Les uns glorifiaient le premier ministre et ses collègues. Jamais hommes semblables ne nous avaient gouvernés. Ils possédaient toutes les vertus, toutes les qualités administratives, une finesse d’observation surprenante, un flair étrange. Depuis leur arrivée au pouvoir, la Province s’était enrichie, des travaux de toutes sortes avaient fourni du pain