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l’affaire sougraine

Il vit du pain à terre. C’était le morceau que dans sa surprise Sougraine avait laissé tomber.

— Sapristi ! la mère, le blé est donc bien abondant cette année, qu’on laisse traîner le pain du bon Dieu sur le plancher ? dit-il avec une pointe d’humeur.

La vieille regarda, ne répondit rien et ramassa le pain.

— Nous allons tuer un ours, demain, reprit Audet ; il est caché sous un arrachis, au 9e portage, un peu en deçà de la cabane où s’était réfugié Sougraine.

— Un ours ? dit la vieille femme, l’avez-vous vu ?

— Non, mais nous l’avons entendu grogner, c’est tout comme… Ce qui me fait de la peine, c’est d’avoir manqué Sougraine. Le maudit ! si je savais où il se cache…

Sougraine ne put s’empêcher de frissonner et le tremblement nerveux de ses membres dérangea quelque chose dans la collection de vieilleries entassées au fond du caveau.

— Des rats ? fit Audet, allons ! pataud ! pataud !

Il appelait son chien. Pataud, c’était un petit terrier, allègre, vif, remuant qui ne répondait pas