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l’affaire sougraine

singuliers de la famille D’Aucheron n’avaient pas manqué de le surprendre. Toutefois il en avait cherché vainement les motifs et avait fini par croire à l’un de ces caprices inexplicables auxquels les braves gens n’échappent pas toujours et dont souvent ils souffrent plus que les autres. Les paroles menaçantes du ministre furent un éclair. Il entrevit la vérité. Elle émergeait d’un fond de ténèbres. Le nom de Sougraine expliquait tout. Il savait que l’indien était devenu un habitué de la maison, mais un habitué que l’on cachait et dont on semblait rougir.

Il prenait vite une résolution et détestait les tâtonnements. Dès que l’on a jugé bonne une action, disait-il, il faut la faire. Le bien ne souffre point de délai, et tous les instants de la vie doivent être employés à bien faire.

Il se rendit auprès de l’honorable M. Le Pêcheur qui le reçut avec empressement, bien qu’il y eût, sur la banquette placée à sa porte, plusieurs solliciteurs déjà fatigués d’attendre.

— Vous vous portez bien, j’espère, mon cher professeur, dit le ministre en serrant les mains loyales du vieillard.

— Pas mal pour le temps et la saison, répondit le père Duplessis…