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l’affaire sougraine

ne pouvait trouver, et ressemblait à l’oiseau captif qui se heurte aux barreaux de sa cage avec l’espoir toujours nouveau mais toujours inutile d’en sortir. Dans ses efforts incessants elle perdait les ressources de son imagination. Ce qui l’effrayait surtout, c’était l’avenir. Un avenir tout prochain. Elle regrettait de s’être laissée surprendre par le rusé ministre. Il ne savait rien, d’abord : il ne pouvait pas savoir. Il supposait tout au plus. Des suppositions, ce ne sont point des preuves. Elle aurait dû se moquer de lui hardiment, lui rire au nez. Maintenant il était trop tard. La sottise était faite, il fallait en porter la peine. Le supplier, ce beau monsieur, cela ne servirait de rien. Il était froissé, plus que cela, irrité. Quand on est ministre on ne se laisse pas éconduire comme un mortel vulgaire. Si cette entêtée de Léontine n’avait pas parlé comme elle a fait. C’est elle, après tout qui est à blâmer. La misérable ! voilà donc comment elle me récompense de mes soins et de mon amour…

Toutes ces idées et bien d’autres encore, trottaient dans l’esprit de madame D’Aucheron. Depuis sa dernière visite à Vilbertin, et sa rencontre dans l’étude du notaire, avec sa femme et l’abénaqui, monsieur D’Aucheron éprouvait une