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l’affaire sougraine

sa cachette toute la journée du lendemain. La faim le torturait. Il fallait pourtant manger. Il ne pouvait pas se laisser mourir comme cela, autant valait se livrer à la justice et courir une chance de salut.

Le soir venu il sortit, se glissa le long de la première maison et vit, par la fenêtre plusieurs hommes assis autour du poêle. Ils fumaient en causant. Des nuages de fumée bleue montaient lentement sous le plafond noirci. Une femme et deux jeunes filles travaillaient près de la table, éclairées par une petite lampe.

Sougraine pensa :

— Il y a plusieurs hommes ici, il ne doit pas y en avoir chez les voisins.

Il se dirigea vers la maison voisine, comme il y arrivait il vit venir quelqu’un de son côté. C’était un jeune garçon. Il paraissait tout petit dans l’obscurité et courait vite. Sougraine se cacha près d’une pile de bois. L’enfant entra sans frapper. Il sortit au bout d’un instant, portant quelque chose sous son bras. Sougraine eut envie de courir après lui pour voir si n’était pas un pain. Il aurait pu vivre quelques jours avec cela. Oui, mais quelle imprudence ! On devinerait bien que c’est lui… et la chasse s’organiserait de nouveau. Il regarda