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l’affaire sougraine

étiez dans un moindre danger, il y a vingt ans, quand le conseil de guerre des sioux vous avait jugé et condamné ?

— C’est vrai, dit la Longue Chevelure, et je ne comprends pas comment j’ai été sauvé.

— Je le sais moi. Un jour, deux vieillards entrèrent dans ma cabane et se jetèrent à mes genoux en pleurant. Je fus étonné, car ce n’est que rarement que l’on voit pleurer des guerriers sioux.

— Quelles grandes douleurs remplissent-elles donc le cœur des courageux guerriers de la plus vaillante tribu ? leur demandai-je avec douceur.

— Les guerriers, dans leur ignorance, ont fait bien du mal, me répondirent-ils ; ils veulent connaître ton Dieu et l’adorer.

Ils me dirent que mon Dieu était bon puisqu’il ordonnait de rendre aux pères infortunés les corps de leurs fils ; qu’il était juste, puisqu’il punissait le mal et récompensait le bien ; qu’il était miséricordieux puisqu’il pardonnait tout à ceux qui l’imploraient avec humilité. Ils me racontèrent plus en détail la mort de leurs deux fils, et comment vous aviez chassé les corbeaux qui venaient se repaître de leurs cadavres, en attendant qu’on pût