Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/327

Cette page a été validée par deux contributeurs.
329
l’affaire sougraine

— Le notaire marchait à grands pas dans son étude, toujours la main sur son front :

— C’est affreux, ce que vous m’avez révélé, Sougraine, oui c’est affreux ! Vous me tuez… Vous me tuez. Vous me volez mon bonheur… Ô désespoir, ô malédiction ! elle, votre fille ? Ce n’est pas vrai ! Dites-moi que ce n’est pas vrai… et je vous donne de l’or tant que vous en voudrez ; qu’ai-je besoin d’argent, moi, maintenant, puisque je suis voué à la honte, à la douleur ? puisqu’elle ne sera jamais ma femme, elle, Léontine ?… j’aurais été si heureux ! si heureux ! Qu’êtes vous venu faire ici, vous, après cette longue absence ? Troubler notre repos… ruiner nos espérances, empoisonner notre vie…

— L’Indien est venu chercher ses enfants, dit Sougraine d’une voix sombre, car il les aime encore…

— Vos enfants ! vos enfants ! c’est faux !… vous ne les aimez point. Partez si vous les aimez encore ; ne troublez point leur repos, ne les couvrez pas d’ignominie… Croyez-vous qu’ils pourraient vous aimer, eux ?

— Des enfants n’aiment-ils pas toujours leur père ?