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l’affaire sougraine

— Comment ? fit le notaire effrayé, voudriez-vous nous perdre ? pourquoi ? quel mal vous avons-nous fait ?

— L’indien veut être en bonne compagnie. Tout seul, il sera traité sans pitié ; avec un gros monsieur et une grosse dame, il sera entouré de respect.

— Sougraine, allez-vous en, je vous en conjure !…

— Combien paies-tu ?

Le notaire, écrasé sous une pensée de scandale, de trahison, d’ignominie et de pitié, crut être généreux en offrant vingt-cinq dollars à l’indien… Sougraine éclata de rire, et ce rire moqueur fendit l’âme de l’avare Vilbertin.

— Quoi ! pensa-t-il, ce n’est pas assez de se voir exposé à la honte, la mort, au gibet… il faut encore donner son argent…

Il fit un effort suprême.

— Cent dollars, offrit-il avec une angoisse profonde…

L’indien rit encore. Il se sentait heureux de faire à son tour l’office de bourreau.

Vilbertin se ravisa.