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l’affaire sougraine

— Là-bas, par de là l’église, sous les grands pins noirs… Vois-tu ?

Léontine ne voyait pas, des larmes voilaient ses regards. On descendit la côte escarpée et on traversa le village au grand trot du cheval. Une voisine que mademoiselle Ida avait laissée avec sa mère vint ouvrir en souriant.

— Tout va bien ici puisque vous souriez, mademoiselle Clémence, observa l’amie de Léontine.

Clémence, c’était la voisine, une vieille fille qui n’avait jamais aimé que les chats et jamais raconté que des nouvelles vraies.

— Oui, mademoiselle, tout va bien ici, mais ça ne va pas bien partout.

— Non ? qu’y a-t-il donc ?…

— Entrez toujours ; déshabillez-vous, mesdemoiselles, vous devez être fatiguées, vous devez avoir froid ; on vous contera tout cela.

Elle n’était pas pressée de dire la nouvelle parce qu’elle ne craignait pas d’être devancée par d’autres. Elle était seule avec la malade. Elle l’eut racontée à la porte, au risque de contracter une fluxion de poitrine, s’il se fut trouvé quelqu’un dans la maison pour lui faire concurrence.