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l’affaire sougraine

Les chasseurs s’aperçurent, aux traces, irrégulières qu’il laissait maintenant, que ses forces le trahissaient, et qu’il faiblissait par instant pour reprendre aussitôt courage. Eux-mêmes aussi se sentaient gagner par la fatigue, et l’espoir seul d’un prochain triomphe animait leur courage. Tout à coup deux détonations retentirent ; elles furent suivies de deux gémissements. Puis la forêt sonore, réveillée un instant comme en sursaut, retomba dans son morne silence.

Le caribou était tombé, mais non loin de lui, quelques pas en arrière, celui qui l’avait blessé gisait aussi grièvement atteint.

Les chasseurs arrivèrent tour à tour en poussant des cris de joie ; mais à la vue de la Longue chevelure affaissé sur la neige et couvert de sang, leurs joyeuses clameurs se changèrent en lamentations.

— Comment cet accident est-il arrivé demanda l’un des chasseurs ?

— C’est ma carabine, répondit Sougraine. L’indien ne sait pas comment, par exemple. Il courait, il courait… il y a tant de petites branches… Tu sais.

— On n’est jamais assez prudent à la chasse,