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l’affaire sougraine

nous n’en aurons jamais qu’un seul… Vilbertin, le brave notaire Vilbertin.

Madame D’Aucheron ne savait trop comment engager cette dernière lutte, la plus terrible de toutes. Comment faire croire à son mari qu’il devait tout sacrifier, sa réputation d’homme d’affaires et sa fortune entière, au caprice, à l’inclination d’une enfant trouvée ?… On ne pouvait pas reculer, cependant. Il y avait en jeu quelque chose de plus important qu’une fortune et une réputation d’habileté en affaires quelque chose qu’il ignorait, lui D’Aucheron, mais, qu’elle ne savait que trop, elle, la malheureuse femme.

— Depuis quelque temps j’ai réfléchi profondément, commença-t-elle, et j’ai des remords, oui des remords qui me rongent le cœur.

D’Aucheron craignit une révélation mortelle. Quelquefois cela arrive qu’une femme bourrelée de remords fasse l’aveu d’une grande faute. Ce fut en tremblant qu’il demanda :

— Pourquoi ces remords ? qu’as-tu donc fait ?…

— Rien. C’est cette pauvre Léontine. Elle change à vue d’œil, mon mari ; la voilà pâle comme une morte…