Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/275

Cette page a été validée par deux contributeurs.
277
l’affaire sougraine

ner sa fille à Rodolphe le jeune médecin. Il avait vu de nouveau son ami Vilbertin qui s’était montré fort accommodant, généreux même. Les affaires allaient se relever. Il n’y aurait pas d’effondrement scandaleux. Il se souciait bien du jeune ministre qui ne serait peut-être plus rien demain. Ce qu’il fallait avant tout, c’était de l’argent. Les honneurs qui ne rapportent rien deviennent un embarras. Il était bien bon, ce Vilbertin, de payer si cher la possession d’une fille pauvre. Elle était belle, c’est vrai, mais il n’en manque pas de belles filles à Québec.

Il trouva que sa femme le recevait un peu froidement. En tenait-elle encore pour monsieur Le Pêcheur ? Non pourtant. Elle n’était toujours pas d’une humeur gaie. Après tout, une femme ne comprend pas les affaires comme un homme. Les combinaisons du cœur la touchent plus que les calculs de l’esprit.

— Notre gendre agit royalement, commença D’Aucheron. Il m’a donné un fameux coup d’épaule.

— Notre gendre ? demanda ingénument madame D’Aucheron, lequel ?

— Lequel ? Comment ? nous n’en avons qu’un,