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l’affaire sougraine

tiques entretiens, et ne cherchait ses consolations que dans les frivolités du monde. Le monde allait lui manquer et elle se trouverait seule avec elle-même : ce serait le désespoir. Le ciel ne manque jamais à ceux qui l’invoquent, et c’est pourquoi les hommes de foi n’ont jamais de ces lâches défaillances qui cherchent un refuge dans la mort.

Vers le soir Léontine rentra. Elle venait de laisser Rodolphe et le bonheur rayonnait encore dans son cœur. Elle voulait parler de la mère Audet, sa grand’mère peut-être, à madame D’Aucheron, et elle éprouvait un serrement de cœur inexprimable. Elle avait peur d’être indiscrète, d’éveiller des souvenirs trop pénibles. Cependant il le fallait bien.

— Tu te rappelles, mère, commença-t-elle, la bonne vieille que monsieur Duplessis a amenée souper ici l’autre jour ?

— Eh bien ! fit madame D’Aucheron qui avait tâché de se remettre un peu et de faire disparaître les traces de ses dernières larmes.

— On vient de la renvoyer dans sa paroisse.

— Madame D’Aucheron respira plus à l’aise.

— On a bien fait, dit-elle. Il est mieux d’aller mourir avec les siens.