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l’affaire sougraine

une âme chaste, il les arrêta sur la jeune fille à genoux devant l’autel et se mit à penser :

— Tu perds ton temps et tes peines, car le bon Dieu ne s’enferme pas comme un bijou dans une boite dorée…

Il se disait encore :

— Si je croyais, je ne dirais pas cela. Je n’ai pas l’intention d’offenser Dieu. Ce n’est pas ma faute, à moi, si je n’ai point la foi.

Il avait peur ; la couardise et l’impiété se tiennent par la main.

— Qu’on me la donne, la foi, on m’a bien donné la vie sans ma permission.

Il était de ces âmes lâches qui ne cherchent point la vérité, se complaisent dans l’ignorance, et ne veulent pas être troublées dans leur fausse quiétude… Elles ne savent pas que Dieu se révèle aux humbles et qu’il se cache aux orgueilleux. La religion du Christ étant une religion d’amour et d’humilité, c’est par l’amour et l’humilité qu’on arrive à la connaître.

Mademoiselle Léontine se leva. Le notaire se précipita à genoux et se cacha le visage dans ses mains. Il écoutait le bruit des pas légers qui glissaient sur les dalles sonores, dont chaque son se ré-