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l’affaire sougraine

Voyons, ajouta-t-il, se parlant à lui-même, ne nous excitons pas trop, mon petit ami, tu sais que le sang te monte au cerveau, et c’est dangereux. L’apoplexie te guette ; évite-la. On a toujours le temps de faire le plongeon. Qui peut dire après tout ce qui nous attend là-bas, dans cette maudite tombe ?… Si c’était vrai ce qu’ils nous enseignent de Dieu et de la religion, les prêtres !… Voyons ! j’ai trop d’esprit pour perdre mon temps à scruter ces mystères. Et puis le bon Dieu aura pitié de nous. Il sait bien qu’il n’y pas de malice. Est-ce notre faute si nous sommes ignorants ? Au bout la fin ! soyons homme ; pas de crainte chimérique, pas de courbettes. Renoncer à mon amour ! renoncer à la posséder, elle, cette belle jeune fille que je vois dans mes rêves, que je désire de toutes les ardeurs de mon âme, oh ! il est fou !… Il ne sait donc pas ce que c’est qu’aimer ?… Mon cœur qui se reposait depuis longtemps ne s’est pas réveillé pour rien. Je le sens battre, je le sens brûler. J’ai du feu dans les veines… Et l’on veut que tout cela se refroidisse soudain, que tout cela se taise et meurt sans retour ! Allons donc ! je suis plein de vie, et je veux aimer, et je veux jouir des délices de l’amour, et je briserai tout ceux qui me feront obstacle… Je me