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l’affaire sougraine

de l’entendre… Peu à peu et graduellement le prêtre en vint jusqu’à le supplier de renoncer à ce projet de mariage, au nom de sa tranquillité, de son bonheur à lui, au nom de la paix et de la félicité de cette jeune fille qui s’immolait par dévouement filial…

— Vous auriez pu commencer par la fin, répondit froidement le notaire, cela vous aurait ménagé du temps, et à moi aussi.

Puis il s’assit à son bureau et se mit à écrire. À la vérité il ne savait pas du tout ce qu’il écrivait. Il voulait faire comprendre à son visiteur qu’il ne faisait aucun cas de ses observations.

— Monsieur le notaire a sans doute de nouvelles affiches à rédiger, je lui demande mille pardons et me retire, dit malicieusement l’abbé en sortant.

Le notaire lui lança un regard foudroyant.

— Ces calotins ! grogna-t-il, de quoi se mêlent-ils donc ? est-ce qu’on va les déranger dans leurs douce solitude ?… Ils veulent tout régenter. Laissons faire, ils verront bientôt qu’on peut naître et mourir sans eux… et surtout qu’on peut se marier sans leur consentement. Quand donc aurons-nous l’esprit de nos cousins de France et surtout leur courage ?