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l’affaire sougraine

Tout de même cette invitation me semble assez drôle, assez surprenante. « Il doit y avoir anguille sous roche. » « On a souvent besoin de plus petit que soi. » Si j’allais être utile à M. D’Aucheron, ou, plutôt, si monsieur D’Aucheron allait m’être utile. Car le plus petit de nous deux n’est peut-être pas celui qu’on pense… Irons-nous à cette soirée ? Il est un peu tard : Nous côtoyons la soixantaine… Vendredi, le onze, c’est demain, et demain j’ai des pauvres à visiter. Passer du taudis au palais la transition n’est guère naturelle. Il n’y a pas de malheureux, cependant, que ceux qui habitent des cabanes où le vent et la neige s’engouffrent. J’ai vu couler des larmes dans la demeure de l’opulence. La douleur habite un peu partout, et le bonheur vient souvent de sortir quand on frappe à sa porte…

Si je parlais de mes pauvres à madame D’Aucheron ? Si je lui demandais de prendre sous sa haute protection cette bonne vieille femme que la Saint-Vincent de Paul nourrit et loge depuis quelques mois ?… Une vieille qui ne veut plus porter d’autre nom que celui de la Sainte Vierge. La mère Marie !

Un bal, cela peut avoir du bon. C’est un bal ;