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l’affaire sougraine

voué des maris. Vos moindres désirs seront pour moi des ordres ; je ne vivrai que pour vous. Vous puiserez dans ma bourse pour vos pauvres… vos pauvres que vous aimez tant ! Vous leur donnerez tout ce que vous ne voudrez pas garder pour vous même… quel besoin aurai-je des biens et des richesses, moi, quand je vous possèderai ? Vous serez tout mon bien, toute ma vie, toute ma richesse ? Oh ! par pitié, mademoiselle laissez-vous attendrir.

Il était épuisé. Il poussa un énorme soupir qui retentit dans les quatre coins du salon, et s’essuya le front avec son mouchoir.

Léontine l’avait trouvée joliment grotesque cette éloquence de notaire.

— Relevez-vous, dit-elle, en souriant d’un air sardonique, je vous pardonne.

Il se releva. Son enthousiasme était quelque peu tombé. Seulement il avait dans les paupières des éclairs de chaleur qui indiquaient un orage. Il acheva par où il eut dû commencer.

— Votre père vous a dit, n’est-ce pas, que je sollicitais votre main.

— C’est vrai, mais vous n’êtes pas, généreux ; vous menacez mes parents de toutes sortes de malheurs si je résiste à vos instances.