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l’affaire sougraine

— Oui, mais c’est la vertu personnifiée que j’adore en secret…

— À la bonne heure ! Et c’est en secret que tu l’aimes ?

— Oui, tu es le premier à qui je le dis.

— Sait-elle au moins, cette vertu, que tu existes et que tu peux devenir son protecteur légal ?

— Elle ne le sait pas, mais tu vas te charger de le lui apprendre.

— Moi ? est-ce que je la connais ?

— Oh ! parfaitement, c’est, mademoiselle Léontine, ta fille. Quand je dis : ta fille…

D’Aucheron fit un bond.

— Tu plaisantes, dit-il… tu sais bien qu’elle est promise à Le Pêcheur, et que le mariage doit avoir lieu prochainement.

— Un mariage, c’est facile à rompre cela, surtout quand il n’est pas fait. Voyons, songes-y, la chose en vaut la peine. Je mets, dans la corbeille de noces, la maison que tu viens d’acheter avec mon argent et d’autres bagatelles encore.

D’Aucheron était ahuri. Les dollars se livraient devant ses yeux à une danse macabre des plus étourdissantes. C’était un tourbillon de