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l’affaire sougraine

Je lui dirai tout ; je lui ouvrirai mon cœur ; il y verra tout l’amour que j’ai pour vous, toutes les angoisses qui me torturent. Il vous dira ensuite si je suis digne de mépris ou de pitié…

Rodolphe réfléchit un instant puis il reprit d’une voix grave et brisée…

— Léontine, ce que vous faites doit-être bien, malgré le mal que j’en ressens. Vous m’aimez et vous me sacrifiez à un devoir plus saint que l’amour, que Dieu soutienne votre courage. Je serais indigne de vous si je ne respectais point votre secret ou si je suspectais vos motifs.

— Rodolphe, je n’ai plus qu’un espoir… mourir bientôt…

Quand mademoiselle D’Aucheron fut sortie, Rodolphe et sa cousine, profondément attristés, cherchèrent longtemps, mais en vain, qu’elle pouvait être la cause de cette détermination subite.

— Ô mes beaux rêves ! ô mes doux espoirs ! ô félicités divinement entrevues !… adieu ! adieu ! dit à la fin le jeune docteur, et son front resta longtemps appuyé sur sa main. Un souffle avait passé et l’édifice de sa félicité n’était plus qu’une ruine.