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l’affaire sougraine

jeune fille, tu suivras l’une de ces caravanes et tu retourneras dans la maison de ton père. Ma femme, qui souffre au milieu de notre tribu, veut s’en aller avec son enfant dans le beau pays d’où elle vient, Vous voyagerez ensemble. Je vous rejoindrai si quelque raison m’empêche de partir avec vous.

L’occasion attendue ne tarda guère.

Les voyageurs qui revenaient de la Californie s’étaient depuis longtemps engagés dans les gorges où nous les avons vus et s’approchaient de la retraite des sioux. Ils venaient d’être trahis par la clarté du feu allumé sous les bois, et Pérusse se tordait sur le sol dans une terrible agonie.

Les sioux qui avaient surpris le camp des voyageurs n’étaient pas nombreux ; ils n’osèrent point exposer leur vie inutilement. Ils savaient que tous les guerriers de la tribu seraient contents de prendre part à un combat. Au reste, les dernières lueurs du feu vacillaient sous les rameaux et bientôt l’on ne se verrait plus ; il valait mieux attendre le jour. Les Blancs ne bougeraient point dans ces ténèbres épaisses et, dès le matin, quand ils voudraient s’échapper, un cercle de vaillants ennemis les étreindrait mortellement.

Le chef fut aussitôt averti de ce qui venait de