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l’affaire sougraine

Dame-des-Anges, sur la rivière Batiscan. Les gens de l’endroit se souvenaient à peine de l’enlèvement d’Elmire Audet. Le père de la jeune fille était mort ; ses frères et ses sœurs travaillaient dans les fabriques américaines, et la mère, vieille et souffrante, s’était réfugiée l’on ne savait où. Quelques Abénaquis de la rivière Bécancour lui apprirent, aux Trois-Rivières, que Sougraine comptait des parents parmi eux. Il avait même laissé deux enfants, deux petits garçons, chez un de ses beaux-frères. L’un de ces enfants mourut fort jeune ; l’autre était devenu quelqu’un, un monsieur, comme on dit à la campagne. Mais l’on ne savait plus où il demeurait. Quant à la jeune fugitive, personne n’avait eu connaissance de son retour. Il était, en différent temps, arrivé des voyageurs de l’Ouest, des pays d’en haut, de la Californie, mais on ne savait plus guère où les retrouver.

La Longue Chevelure suivit ces indiens à la rivière Bécancour.

Les Abénaquis, dispersés parmi les blancs, songeaient à se réunir pour de nouveau vivre en tribu, comme par le passé. Ils désignèrent le chef Metsalabanlé, Thomas et plusieurs autres des plus