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l’affaire sougraine

mande chaque jour de bien s’informer de l’état de votre santé, de vous porter ces petites douceurs qui font tant de bien aux vieillards, et si elle vous oublie jamais, ce ne sera point ma faute.

Duplessis la regardait en souriant. Il savait bien qu’elle se vantait.

— Mon Dieu ! que vous me rappelez une voix connue, chère Dame !

— Moi ? fit madame D’Aucheron.

— Oh ! oui, et plus vous parlez plus mon illusion est complète… Il me semble entendre la voix de mon enfant, de ma fille… Ah ! la malheureuse, je l’aimais bien pourtant…

Et la vieille femme fondit en larmes.

— Votre fille, demanda D’Aucheron, avec l’indifférence des âmes égoïstes, elle est morte ?…

— Morte ? peut-être… je n’en sais rien… Toute jeune encore elle a été enlevée par un sauvage… Je n’en ai plus entendu parler.

Madame D’Aucheron ne put retenir un cri. Elle faisait cependant un effort surhumain pour ne pas se trahir.

— Tiens ! dit D’Aucheron, l’histoire du sioux qui revient. Puis il continua :