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l’affaire sougraine

ron, venez, mère Marie. Je chanterai pour vous et pour vous je jouerai les plus belles symphonies.

— Si madame me le permet, repartit la vieille, de sa voix cassée, en regardant madame D’Aucheron, je reviendrai bien sûr ; mais pas souvent peut-être, ni longtemps, car mes pieds achèvent leur course. Je me vois aller vite à la tombe. C’est aussi bon. Je n’ai plus personne qui m’aime et je suis un fardeau pour ceux qui m’entourent.

— Ne dites pas cela, mère Marie, reprit vivement Léontine, vous avez de bons amis.

— Je veux dire que je n’ai plus de famille.

— Vous avez la famille des âmes charitables, observa Duplessis, c’est la meilleure. Elle ne vous abandonnera point. Les puits dont on tire souvent de l’eau sont rarement à sec.

Madame D’Aucheron paraissait mal à l’aise. Elle aurait bien voulu dire quelque chose. Elle sentait qu’elle ne pouvait pas décemment garder plus longtemps le silence. Il faut au moins, quand on a des malheureux devant soi, ne pas leur refuser un mot de consolation.

— Je suis contente que ma fille vous ait prise sous sa protection, la mère, et je suis sûre qu’elle ne vous laissera manquer de rien. Je lui recom-