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l’affaire sougraine

— On le sait bien. Un ministre, c’est tout puissant.

— Quand retournes-tu chez monsieur D’Aucheron ?

— On y va, là, tantôt.

Une heure ne s’était pas écoulée qu’il se dirigeait vers le haut de la rue St Jean. Il pensait, la tête basse :

— Il ne faut pas que l’indien se prenne dans son piège… Allons avec prudence et sans bruit. Le serpent qui rampe est plus à craindre que le serpent qui relève la tête… Si le moyen ne réussissait pas comme on l’espère !… Elle est riche, elle a de puissants amis… L’indien est pauvre et personne ne le protégera. Il sera poursuivi partout ; on n’aura point pitié de lui. Quelle vie misérable il mène ! Comme elle est heureuse, elle ! Non, cela n’est pas juste, cela ne peut pas durer plus longtemps. Il faut qu’on ait de l’argent, que l’on vive à l’aise. Si elle ne veut pas tendre la main à l’indien son frère, elle verra ce qu’il peut faire.

Il rencontra, sans les voir, Rodolphe et Léontine qui marchaient lestement épaule contre épaule, l’air tout joyeux. Ils se vengeaient des souffrances