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l’affaire sougraine

une charmante maisonnette, sous les grands arbres chargés de chants et de murmures, loin du tumulte de la ville, loin des regards jaloux. Et qui sait ? plus tard il descendra peut-être, à son tour, dans l’arène politique. Mais, par exemple, jamais il ne transigera avec sa conscience. Ce n’est pas lui qui vendrait ses convictions pour les deniers de Judas. Il était trop profondément chrétien. Or les hommes d’une foi vive sont les seuls qui ne se heurtent point à ces pierres d’achoppement que la politique sème sur tous les chemins.

Il partirait dans quelques jours pour aller visiter cette paroisse où son existence allait peut-être s’écouler. Il voulait revoir Léontine, d’abord, pour lui demander conseil, et s’assurer que cette vie nouvelle au milieu de la solitude ne lui serait point trop désagréable.

Ida fut chargée de porter un billet à son amie. C’est elle qui était la messagère de leurs amours. Les rencontres des jeunes fiancés se faisaient d’ordinaire à la promenade, sur la rue St-Jean, à quatre heures de l’après-midi. La rue St-Jean, si elle pouvait parler !… Ne craignez rien, amoureux de tous les âges, de toutes les formes, de tous les