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l’affaire sougraine

à bénir la Providence et à remercier comme il le mérite ce bon M. Vilbertin.

— Non, ce n’est pas la peine, dit Vilbertin, l’air tout confus, ce que je fais n’est pas grand’chose.

— Monsieur le notaire, dit le curé, vous avez comme le prêtre, par votre état, de nombreux moyens de faire du bien aux malheureux.

— Oui, monsieur le curé, vous avez raison, cent fois raison, et je commence à voir le meilleur côté de ma profession, le côté qui en fait une espèce de sacerdoce.

— Monsieur le curé, dit Rodolphe, je vais peut-être aller me fixer à Notre-Dames-des-Anges.

— Notre-Dame-des-Anges, c’est dans le comté de Portneuf, sur la rivière Batiscan, ah ! je connais parfaitement cette paroisse. J’ai été à la pêche maintes fois dans les lacs et les rivières d’alentour… le lac des sables, le lac Français, la rivière à Pierre, la rivière Tawachiche. La plus belle truite que j’aie prise en ma vie, ça été dans le lac Masketsy. On pêchait sur un cajeu, à la mouche… Quelle belle pêche ! C’est le malheureux Sougraine qui nous avait conduits. Nous sommes entrés dans sa cabane, au bord de la rivière, à deux milles de l’église. Il pêchait bien la truite, le malheureux ! c’est