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l’affaire sougraine

et rien ne pouvait dissiper le sombre nuage qui l’enveloppait.

— Ces récits d’enlèvement, de brigandage, d’assassinat, disait-elle à son mari, me font une impression des plus douloureuses ; J’aurais mieux aimé que ces indiens ne fussent pas venus. Rien que les voir me fait peur maintenant… Sont-ils partis ?

Monsieur D’Aucheron se moqua de ses vaines frayeurs et prétendit que ce n’était qu’un jeu des nerfs.

Léontine, s’étant mise au piano, jouait des motifs aimés de Rodolphe et chantait des vers pleins de tristesse et d’amour. Le chant et la musique sont les expressions de la douleur comme de la joie.

Madame D’Aucheron pensait :

— Elle ne l’oubliera pas aisément son Rodolphe. Il faut qu’elle l’oublie cependant. Plus que jamais son mariage avec monsieur Le Pêcheur est nécessaire. On ne touche pas à la belle mère d’un ministre.

— Ma Léontine, dit-elle, tu vas être raisonnable, n’est-ce pas ? tu vas obéir aux vœux de ton excellent père, de ta petite mère qui t’aiment tant ; tu