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l’affaire sougraine

colère des guerriers était terrible à cause des pertes qu’ils avaient subies, et les paroles sages des vieillards qui m’avaient pris sous leur protection ne purent me sauver. Je fus pris, enfermé, gardé à vue. En vérité, l’aspect de la mort ne m’effrayait nullement. Je souriais à la pensée d’aller revoir les deux créatures qui faisaient tout mon bonheur. Je trouvais qu’on tardait bien à me juger. Enfin, un jour j’appris que le conseil de la nation m’avait condamné, et que j’allais être exécuté le lendemain, à l’heure où le soleil sortirait de la prairie. Le lendemain était la fête anniversaire d’une victoire sur les américains, et les jeunes gens allaient se livrer à toutes sortes d’exercices et de divertissements. On s’exercerait à tirer de l’arc, et je servirais de cible. Celui qui me porterait le coup mortel serait déclaré vainqueur.

La nuit arriva, cette nuit qui devait être la dernière pour moi. Je priai longtemps et m’endormis ensuite d’un profond sommeil. Quand je m’éveillai, je me trouvais loin du village, seul dans le ravin qu’avaient suivi les blancs pour revenir de la Californie, près du tombeau de mon père. Ma carabine était près de moi. Je me rendis au pays de l’or, sur les rives de l’océan du soir.

Plusieurs des conviés vinrent serrer la main du