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l’affaire sougraine

La Longue Chevelure ne sait-il pas que nos enfants ont tué sa femme ?

— Il le sait.

— Il le sait et ne se venge point ?

— Il vous l’a dit souvent, le seul et vrai Dieu qui existe, et que j’adore, ne veut pas que l’on fasse du mal à ses ennemis.

— Nous voulons le connaître ce Dieu qui t’a dit de respecter les cadavres des guerriers qui ont massacré ton épouse…

— Les vieux guerriers savent-ils, leur demandai-je, ce qu’est devenue mon enfant ?

— Ils l’ont jetée dans le torrent.

— Pauvre petite ! m’écriai-je en pleurant.

— Je voulais continuer ma route et rejoindre les voyageurs afin de savoir s’ils emportaient ma petite fille, et la pensée me vint qu’une mère seule pouvait s’imposer la tâche de porter un enfant dans ses bras à travers les précipices et les rochers, sous les ardeurs du soleil, dans les déserts, pendant des mois entiers et à des distances prodigieuses. Je ne pouvais non plus me séparer sitôt de la tombe où dormait la femme que j’avais tant aimée. Je revins au campement avec les vieux sioux. La