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l’affaire sougraine

— Où est votre mère ? et son frère, où le trouverai-je ? fit anxieusement le sioux dont l’espoir se réveillait plus vif que jamais.

— Ma mère est chez elle et vous la verrez quand il vous plaira… mon oncle et ma tante sont morts… leur fils était ici tout à l’heure, le docteur Rodolphe……

— Tiens ! pensa D’Aucheron, j’aurais dû patienter un peu, le cousin Rodolphe avait peut-être son mot à dire…… Le temps de mettre les gens à la porte c’est quand on n’a plus besoin d’eux.

— De son côté, le notaire se demandait quel pouvait bien être le nom de fille de madame Villor. Il questionna son voisin qui ne lui répondit pas. Tout le monde écoutait religieusement le sioux infortuné qui disait avec des larmes :

— Mon enfant, ma chère petite Estellina, est-elle morte ou vit-elle encore ? Sait-elle que son père désolé la cherche et la pleure depuis plus de vingt hivers ? Ah ! si elle vit, elle ignore mon nom et mon existence ! Un enfant ignorer le nom de son père ! un père ne pas savoir ce qu’est devenu son enfant !… Oh ! vous ne devinez pas quel est le supplice de ma pensée, vous qui pressez sur vos cœurs les enfants que le bon Dieu vous a