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l’affaire sougraine

Audet ; vous souvenez-vous ? continua-t-il, s’adressant aux invités.

Quelqu’un répondit :

— Je me souviens en effet.

— Et moi aussi, fit un autre… On a trouvé, le printemps suivant, à Beaumont, la femme de Sougraine noyée, avec une corde au cou. Comme il n’était point probable qu’elle se fut pendue avant de se jeter à l’eau, on en a conclu qu’elle avait été tuée.

— Est-ce que la lumière ne s’est jamais faite sur cette affaire ? demanda le notaire visiblement affecté.

— Jamais. On n’a plus entendu parler de l’Abénaqui, non plus que de la jeune fille.

Madame D’Aucheron regardait fixement devant elle, pâle, immobile comme une statue. Pourtant un petit tressaillement nerveux courait parfois sur ses épaules nues.

Pendant que ces remarques s’échangeaient de part et d’autre, l’un des indiens, celui que l’on nommait la Langue Muette, se tenait la tête penchée sur la table et froissait d’une façon convulsive les franges de la nappe.