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l’affaire sougraine

Madame D’Aucheron se flattait de garder un souvenir. Pas comme Didon, soyons franc.

— Quand on a tant de pierres précieuses on peut bien en donner une, pensait-elle.

Léontine admirait surtout l’étrange beauté de cet Indien, et la douceur de son regard lui plaisait mieux que l’éclat de ses diamants.

La danse fut exécutée avec grâce, souplesse, langueur ou vivacité, selon le rhythme et l’idée qui se développaient. Le chant était remarquablement juste, cadencé, les gestes, très variés. On menaçait les ennemis absents, on piétinait sur les cadavres, on scalpait les têtes, on chantait le triomphe, on pleurait les morts.

Quand ils eurent fini la salle retentit de longs applaudissements. On leur offrit à boire. On dût rester dans le grand salon, tout le monde voulant être où ils étaient.

— Quelle idée ingénieuse vous avez eue, madame D’Aucheron ! affirmaient toutes les femmes. Votre bal fera époque : on en parlera longtemps.

La conversation était générale. Tout le monde parlait à la fois, mais quand un Indien prenait la parole, le silence se faisait. Il semblait que ces