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fables

 
 Et d’ombrages mouvants,
 De quelque manière invincible
 L’attiraient-ils vers eux.
 C’est après tout possible ;
Et les esprits rêveurs et les cœurs amoureux
Comprendront bien cela, je crois, sans que j’insiste.
 Que le malheureux qui résiste
Aux appels enivrants de la nature en fleurs,
Et qui ne sut jamais répandre de doux pleurs
 Devant la prière touchante
 De la forêt qui chante,
 Ne trouve ni le motif suffisant,
 Ni le conte amusant,
 C’est son affaire,
 Laissons le faire,
 Et revenons à notre agneau.

 Un matin, je viens de le dire,
 Pris de je ne sais quel délire,
 Il quitta berger et troupeau
 Pour s’enfoncer, broutant l’herbage,
 Dans la forêt sauvage.
Il rencontra bientôt un énorme glouton,
 Et la peur le cloua sur place :